Absolu

  1. Votre Origine


Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Voilà les questions.

Il y a beaucoup de chercheurs spirituels qui essayent d’y répondre. Moi, je n’ai rien cherché d’autre qu’à y voir clair. Celui qui est sérieux dans sa recherche se penche sur ces questions sans arrêt : quand le corps-esprit n’est plus, que suis-je? Quelle est la Réalité Ultime ?


Vous possédez un corps bien entendu. « Ce corps est fait de nourriture, mais quelle est votre identité véritable ? Le corps est complètement ajusté, comme les grains que vous avez stockés sont complètement ajustés. C’est seulement de la nourriture. C’est le corps-nourriture et la conscience ». (Sri Nisargadatta Maharaj - Conscience et Absolu P92)


Donc penchons-nous d’abord sur votre corps, que j'appellerai par la suite le « corps-nourriture » et aussi, plus tard, le « corps-esprit ». Comment s’est créé ce corps-nourriture qui est le vôtre ? En fait, il a toujours existé mais au tout début il était divisé en deux parties qui étaient présentes et faisaient partie du corps-nourriture de vos parents. Le spermatozoïde est une cellule reproductrice faisant partie du corps-nourriture de votre père, qui lors de la fécondation s’unit à un ovule faisant partie du corps-nourriture de votre mère. La combinaison des deux formera une cellule-oeuf, qui se développera en embryon puis en foetus grâce à l’apport de nourriture au corps-nourriture de votre mère, qui vous donnera la naissance : un nouvel être humain « corps-nourriture ». Un éjaculat, allant de 1,5 à 5 ml de sperme comporte de 200 à 300 millions de spermatozoïdes. Les spermatozoïdes sont propulsés dans le vagin, ils se retrouvent alors devant l’entrée du col de l’utérus. Nombreux sont ceux qui meurent dans les sécrétions vaginales acides du début de leur trajet, malgré leur protection alcaline. Le but des spermatozoïdes est d’atteindre l’ovocyte près de l’ovaire qui l’a expulsé et pas, comme cinquante pour-cent d’entre-eux qui se trompent, de… trompe ! Donc, beaucoup n’y arriveront pas. Parmi les quelque 200 millions de spermatozoïdes éjaculés, quelques centaines seulement traverseront la bonne trompe. Nous passerons sur différentes étapes complexes mais contrairement à une idée fort répandue, l’observation a démontré que ce n’est pas toujours le premier arrivé auprès de l’ovule qui le féconde.


Ainsi, sans aucune interruption votre corps-nourriture actuel est le résultat de la nourriture continuellement ajoutée à des corps-nourriture précédents. Mais, il y a bien un début ! Oui.


Le début c’est il y a quatorze-milliards d’année environ, le début de l’univers. Il a fallu un univers de quatorze-milliards d’années-lumière, des dimensions inimaginables à notre échelle pour mettre au monde votre corps-nourriture. Votre corps-nourriture c’est de la matière et l’univers a dû la créer. Essayons rapidement de faire l’histoire de l’univers, l’histoire de la matière. L’histoire de la matière qui s’organise. Quand l’univers surgit il y a quatorze milliards d’années, tout n’est que désordre, c’est le chaos complet. Il n’y a bien sûr aucun organisme vivant, aucune molécule, aucun atome, aucun noyau, aucune étoile, aucune planète, aucune galaxie, rien. Rien qu’une immense soupe dans laquelle nagent les particules élémentaires sans aucune structure. Durant des milliards d’années, ces particules vont refroidir, s’associer pour former des systèmes de plus en plus complexes jusqu’à atteindre la complexité inouïe de votre corps-nourriture. Nos corps-nourriture sont constitués d’une centaine de milliards de milliards de milliards de particules élémentaires…toutes ces particules sont impliquées dans une complexité époustouflante. Toutes ces particules existaient déjà dans le chaos initial de l’univers. Ce sont les mêmes qui circulent dans nos fils électriques, les électrons ainsi que les quarks, énergie circulant dans toutes sortes de champs. Quel contraste entre l’état initial de ces particules qui étaient isolées et indépendantes et celles d’aujourd’hui intégrées dans un système particulièrement complexe et organisé que constitue votre corps-nourriture. Comment l’ordre a-t-il émergé du chaos ?


Des forces se sont mises à l’oeuvre pour associer les particules. Pour l’instant on en relève quatre. Il y a d’abord la gravité qui maintient en orbite tous les corps célestes. Il y a ensuite la force électromagnétique, responsable de tous les phénomènes électriques et magnétiques. Elle gouverne notre physiologie interne et provoque aussi l’émission de lumière. Les deux autres forces : les forces nucléaires dites forte et faible qui maintiennent la cohésion et la stabilité des noyaux des atomes. Il n’aura fallu qu’un millième de seconde environ après le début de l’univers pour que les quarks se combinent en protons et en neutrons, c'est la première phase de l’organisation de la matière.

Un million d’années plus tard, la force de gravité entre en oeuvre et l’univers crée des grumeaux qui deviendront des galaxies, pépinières d’étoiles. Ce sont les étoiles qui créeront des noyaux atomiques qui formeront plus tard le coeur de tous les atomes qui nous sont familiers comme le carbone, l’azote, l’oxygène, le fer, le cuivre, l’or etc… « Voilà en quoi les étoiles et leurs propriétés extravagantes nous concernent. Tous les noyaux des atomes qui nous constituent ont été engendrés au centre d’étoiles mortes il y a plusieurs milliards d’années, bien avant la naissance du soleil. Nous sommes en quelque sorte les enfants de ces étoiles ». (Poussières d’étoiles de Hubert Reeves)


Voilà, votre corps-nourriture ne vient de nulle part d’autre que de l’univers lui-même. Votre corps-nourriture n’est aucunement étranger à l’univers, il fait partie de la totalité de l’univers. Il n’a pas surgi de je ne sais où. Il a utilisé la matière de l’univers, l’énergie de l’univers car la matière est énergie, la même que l’univers utilise pour les étoiles, les planètes, les animaux, les arbres, les plantes, la terre, l’eau, l’air, le fer, tout ce qui existe.


Rien ne disparaît, tout se transforme sans cesse. Ainsi toutes les générations qui vous ont précédé n’ont fait qu’utiliser la matière et l'énergie primordiale de la nourriture pour constituer le sperme et l’ovule afin de se perpétuer et faire apparaître un jour votre corps-nourriture.


Voici deux autres points de vue sur la matière :

« Aussi faut-il distinguer la matière qui n'est rien, des corps qui pourront être beaux : " La corporéité est une forme ou une raison qui produit le corps en venant DANS la matière. Cette raison, si elle est raison productrice de l'objet, ne doit pas comprendre en elle la matière ; elle est une raison qui est dans la matière et qui produit le corps en venant d'elle. Le corps, c'est la matière plus la raison qui est en elle. Mais cette raison est en elle-même une forme sans matière que l'on peut considérer isolément, même si elle n'est jamais en fait séparée de la matière ». Plotin Traité 37 (II, 7), chapitre 3 Traduction Bréhier p 95)".


« En fait que serait l'énergie sans matière, le mouvement qui ne ferait rien bouger, la lumière qui n'éclairerait rien ?

Dieu fait donc l’Energie - matière, et la Lumière. Il a fait lumière et ténèbres» . (La montée des âmes vivantes de Lanza del vasto. p 67)



« Energie et matière, les deux faces de la même substance, le temps fort et le temps faible du même rythme. C'est une découverte capitale de la science du siècle passé que celle de l'unité de la substance démontrée par la conversion de la matière en énergie. Il est donc permis d'affirmer que tout est énergie et que l'être et la Force c'est tout un....La question est moins : " Comment se fait-il que quelque chose bouge ?" que : " comment se fait-il que quelque chose se tienne ensemble immobile, assez pour qu'on puisse l'appeler une chose ? »

(La montée des âmes vivantes de Lanza del Vasto p84).



  1. Votre esprit


Votre corps n’est pas fait uniquement de nourriture, pensez-vous. Le cerveau est le siège de vos pensées et de vos actions. Mais le cerveau lui-même ainsi que l’énergie électrique qui le parcourt sont du domaine de votre corps physique donc du corps-nourriture.

« Les pensées et les actions sont du domaine du corps-esprit et il est l'essence des cinq éléments. La forme dépend à des degrés variés des cinq éléments et des trois gunas. Les pensées et les actes dépendent du conditionnement qui commence dès que la conscience est là. Sans la conscience, il n'y aurait que des formes mortes.

La conscience et le corps sont maintenus en bon état par la nourriture et les médicaments que nous absorbons. Dans chaque forme, les pensées, les mots et les actes dépendent non seulement du conditionnement qu’elle a subi depuis sa naissance, mais aussi du conditionnement antérieur, au moment de la conception. » ( Sri Nisargadatta Maharaj Conscience et Absolu P77)


Le corps-esprit a pour fonction de permettre la compréhension des perceptions et la création de concepts divers et nombreux. « Percevoir, sentir, aimer un nuage, un arbre, un être humain, requiert une attention extrême, et comment pourriez-vous être attentif, alors que votre esprit est distrait ? » Krishnamurti.

Car le gros problème de l’esprit est son envahissement, les pensées qui surgissent sans arrêt. « Les créations de l’esprit sont plus nombreuses que les grains de poussière des rayons du soleil» . Milarepa.

Contrôler l’esprit, l’apaiser est la préoccupation majeure de beaucoup de disciplines sportives et de nombreux courants philosophiques. Bien entendu le yoga et les pratiques méditatives visent en premier lieu le contrôle de l’esprit. Il a été constaté que l’agitation de l’esprit est étroitement liée à la respiration.

« Lorsque le souffle est agité, l’esprit est agité. Lorsque le souffle est immobile, le yogin atteint la fixité». (Hatha-Yoga-Pradîpikâ 2.2)


« Invisible et subtil est l'esprit, et il court après des fantaisies partout où il veut; mais laisse l'homme sage bien surveiller son esprit, car un esprit bien gardé est une source de grande joie» . Dhammapada.

Il faut donc tout mettre en oeuvre pour apaiser l’esprit, pour le contrôler.

« Les maîtres comparent l'esprit à la flamme d'une bougie dans l'embrasure d'une porte, vulnérable à tous les vents des circonstances » . Sogyal Rimpoché.

« Ecoutez, je vous en prie. Il s’agit de votre vie. Mettez tout votre cœur et tout votre esprit à trouver une manière de vie différente, c’est-à-dire un mode de vie où l’esprit renonce à tout contrôle » . Krishnamuti.

Le but est donc de contrôler l’esprit et pas que l’esprit nous contrôle.


Mais comment est apparu l’esprit dans le corps-nourriture ?

« Juste après la naissance de votre corps-nourriture, vous ne saviez pas que vous existiez. Pendant les neuf mois de gestation, et aussi plus tard, le «Je suis Un­ tel» n’est pas là. C’est quand vous commencez à reconnaître votre mère, vous commencez aussi à prendre conscience de votre propre existence. Ce « sens d’être un Je » vient quelque temps plus tard. Dans son ignorance, votre mère vous enseigne que vous êtes ce corps-esprit, et vous commencez à le croire. Votre mental commence aussi à se développer lentement.» ( Sri Nisargadatta Maharaj Conscience et Absolu P106)


« L’esprit produit une illusion dominante qui est celle d’exister par ce corps que nous considérons comme le nôtre ». (Kalou Rinpoché).

Mais vous n’êtes pas le corps-nourriture et vous n’êtes pas le corps-esprit. Comment pourriez-vous être de la nourriture transformée ? Comment pourriez-vous être des ongles que vous coupez, des cheveux que vous coupez, des liquides et des solides que vous évacuez ? Perdriez-vous donc une partie de vous-même ? Les milliards d’organismes qui colonisent l'intestin, aussi appelés microbiote intestinal, sont-ils vous ? Ces micro-organismes sont dits commensaux, c'est-à-dire qu'ils vivent en symbiose avec le corps humain. Ils sont non pathogènes et contribuent au bon fonctionnement de l’organisme. Quand vous dites, quand vous pensez « Je» , êtes-vous tout cela ? Êtes-vous une pensée ? Un flux de particules dans des ensembles de particules appelées neurones ?

Mais alors, c’est votre esprit qui vous maintient dans l’ignorance de ce que vous êtes.

«C’est notre esprit, et lui seul qui nous enchaîne ou nous libère». (Dilgo Khyentsé Rinpotché).


Alors pour vous libérer, brisez vos chaînes et demandez-vous. Je suis qui ? Ou quoi ?


  1. La connaissance


Nous entamons ce chapitre en développant le point de vue advaïta de Sri Nisargadatta Maharaj.


Maintenant que vous savez que vous n’êtes pas le corps-nourriture, ni le corps-esprit, vous vous demandez qui vous êtes. Pour découvrir la réponse vous avez peut-être accumulé des connaissances, effectué des recherches. Mais pour effectuer ces actions vous devez être conscient, n’est-ce pas ?


« Mais vous courez partout vers les saints, les ashrams, etc,, et vous accumulez des connaissances au nom de l'individu. Ne faites pas cela. Allez au-delà. Cette collecte de connaissance ne va pas vous aider, car elle se déroule à l'intérieur d'un rêve. Ce rêve va se répéter, en tant que corps humain, tout comme beaucoup d'autres corps, ou en tant qu'animal ou en tant que dieu ou n'importe quoi d'autre. Ce n'est pas ça l'important, tâchez de comprendre ce qui est dit ici. C'est la seule solution, et elle vous mènera quelque part. » ( Sri Nisargadatta Maharaj Ultime guérison P27)


« La connaissance « je suis » est la même pour toutes les créatures animées, qu'il s'agisse d'un insecte, d'un ver, d'un être humain, ou même d'un ava­tar, la plus haute forme d'être. Je ne considère pas qu'il y ait la moindre différence entre les diverses formes de cette conscience élémentaire. Mais pour se manifester, la conscience a besoin d'une plateforme, d'une structure spéciale où apparaître. Cette plateforme peut être n'importe quoi, avoir n'importe quelle structure, mais la manifestation ne peut durer plus longtemps que la structure ­elle-même. Tant que la conscience n'est pas apparue, il ne peut y avoir aucune espèce de connaissance. En résumé, la connaissance dépend de la conscience et la conscience a besoin d'une matrice ou d'une forme physique.» ( Sri Nisargadatta Maharaj Ultime guérison P33)


Il y a deux sortes de connaissance. La connaissance indirecte et la connaissance directe.


« La connaissance indirecte est fondée sur la mémoire et la sensation, sur la proximité du sujet percevant et de sa perception et elle se limite au contraste existant entre eux. Avec le bonheur, c’est pareil. Généralement, il faut que vous soyez triste pour ressentir le contentement, et content pour éprouver de la tristesse. Le vrai bonheur est sans cause et il ne peut pas disparaître par manque de stimulation. Il n’est pas le contraire de la douleur, il embrasse toute douleur et toute souffrance ». ( Sri Nisargadatta Maharaj Je suis P512 )


« Apprenez à penser et à sentir selon ces directives ou vous resterez indéfiniment sur le plan personnel du désir et de la peur, gagnant et perdant, évoluant et dépérissant. Un problème personnel ne peut pas être résolu sur ce plan. Le désir même de vivre est le messager de la mort, comme derrière la soif de bonheur se dessine le chagrin. Le monde est un océan de douleur et de peur, d’angoisse et de désespoir. Les plaisirs sont comme des poissons peu nombreux et rapides, ils viennent rarement et partent très vite. Un homme ayant une faible intelligence croit, contre toute évidence, qu’il est une exception et que le monde lui doit le bonheur. Mais le monde ne peut pas donner ce qu’il n’a pas ; il n’a foncièrement aucune réalité et n’est sans aucune utilité en ce qui concerne le bonheur. Il ne peut en être autrement. Nous cherchons le réel parce que nous sommes malheureux dans le non-réel. Le bonheur est notre vraie nature et nous n’aurons pas de repos avant de l'avoir trouvé, mais nous savons rarement où le trouver. Une fois que vous aurez compris que le monde est une vision erronée de la réalité et qu’il n’est pas ce qu’il paraît être, vous serez délivré de cette obsession. Seul ce qui est compatible avec votre être réel peut vous rendre heureux; et le monde, tel que vous le percevez, en est la négation absolue. Demeurez tout à fait tranquille et examinez ce qui vient à la surface du mental. Rejetez le connu, accueillez ce qui, jusqu’à cet instant, était inconnu, et rejetez-le à son tour. Vous atteignez ainsi un état dans lequel il n’y a pas de connaissance mais seulement l’être, l’être même qui est connaissance. Connaître par l’être, c’est la connaissance directe. Elle est fondée sur l’identité de ce qui voit et de ce qui est vu» .

( Sri Nisargadatta Maharaj Je suis P512 )


« Le monde est une illusion, il n’est pas éternel. Pourquoi est-il irréel ? Parce qu’aucune connaissance ne demeure en permanence, à la différence d’une connaissance réelle. » ( Sri Nisargadatta Maharaj Ultime guérison P200 )




Donc, nous pouvons synthétiser pour l’instant que la connaissance dépend de la conscience qui elle-même à besoin d’un corps-nourriture et d’un corps-esprit pour apparaître.


4. La Conscience, la conscience. La Force de vie, Dieu, Paramatman, Ishvara, Shiva, Shakti et prāṇa.


La conscience individuelle est aussi appelée par Sri Nisargadatta Maharaj : La force de vie qui est le principe actif et ce qui donne à la personne ses sentiments, ses sensations et sa sensibilité.

« Au lieu d’envisager cette force de vie simplement comme un instrument, on doit la traiter, I’accepter mentalement, comme le principe supérieur du monde : c’est-à-dire Dieu, Paramatman, Ishvara, peu importe le nom. Quand cette force de vie est satisfaite, elle se purifie et fusionne avec la lumière de l’atman» . ( Sri Nisargadatta Maharaj L’ultime guérison P157-158 )

« Shiva est cette touche de conscience; le principe actif est la force de vie, shakti» .

« Les gens s’attachent uniquement aux divers noms qui ont été lancés et oublient le principe de base : à l’intérieur du corps, la conscience et le prāṇa, ou force de vie, forment ensuite ensemble l'atman. J’appelle cela l’antahkarana, la psyché» . ( Sri Nisargadatta Maharaj L’ultime guérison P157-158 )


Tout ce qui précède doit être vu à la lumière d’une réponse à un visiteur dualiste ou tantrique. Nous continuerons à examiner la notion de conscience du point de vue advaïta en oubliant tous les « concepts » .



« La conscience est toujours conscience du mouvement, du changement. Une conscience qui serait immuable n’existe pas. L’immuabilité efface immédiatement la conscience. Un homme privé de sensations internes ou externes devient vide et il passe au-delà de la conscience et de l’inconscience dans l’état où ne sont ni la naissance ni la mort. La conscience ne naît que lorsque l’esprit et la matière s’unissent.» ( Sri Nisargadatta Maharaj Je suis P504 )

Rappelons que la conscience a besoin d’un corps pour apparaître.


« Quand vous êtes lié par l’illusion « je suis ce corps », vous n’êtes qu’un point dans l’espace et un instant dans le temps. Quand l’identification de soi au corps a disparu, tout l’espace et tout le temps sont dans votre mental qui n’est qu’une simple vague dans la Conscience, Conscience réfléchie dans la nature. La conscience et la matière sont les aspects actif et passif de l’être pur qui se situe dans les deux et est au-delà des deux. Mon sentiment est que tout ce qui se passe dans l’espace et dans le temps m’arrive à moi, que toute expérience est mon expérience, que chaque forme est ma forme. Ce que je pense être à moi devient mon corps et tout ce qui arrive à ce corps devient mon mental. Mais à la base de l’univers se trouve la Pure Conscience, au-delà de l’espace et du temps, ici et maintenant. Sachez qu’elle est votre être authentique et agissez selon ce savoir.» ( Sri Nisargadatta Maharaj Je suisP509 )


Nous avons vu qu’il y a la Conscience ou Conscience Pure et la conscience qui s’est réfléchie dans la nature. Pour l’instant nous n’examinerons que cette dernière.

« Vous ne pouvez pas être conscient de ce qui ne change pas. Toute conscience est conscience du changement. Mais la perception du changement - ne nécessite-t-elle pas un arrière-plan immuable ?» ( Sri Nisargadatta Maharaj Je suis P543 )

Effectivement puisque nous examinons la conscience réfléchie dans la nature, la nature est en perpétuel changement, l’immuabilité lui est totalement étrangère. De plus, puisqu’elle a besoin du corps pour apparaître, on peut dire qu’elle est un produit du corps.

« Quand on ne s’identifie plus au corps on transcende non seulement le corps, mais aussi la conscience, car elle est un produit du corps. La conscience cesse son refrain «Je suis, Je suis».» ( Sri Nisargadatta Maharaj Conscience et Absolu P57 )

« La Conscience doit descendre sur le monde pour que l’action dans le monde - le mouvement - soit possible. Sans conscience il n’y a pas de mouvement dans le monde.» ( Sri Nisargadatta Maharaj Conscience et Absolu P58 et 59 )


« Comment comprenez-vous quoi que ce soit ? Toute connaissance, n’importe quelle sorte de connaissance que vous pensez avoir, peut exister seulement dans la conscience. Comment la conscience, qui est arrivée après, peut-elle vous donner le savoir sur cet état qui est avant la conscience ?

Toute idée que vous avez atteint cet état, ( l’état de libération) ou que vous allez l’atteindre est fausse. Tout ce qui prend place dans la conscience est purement imaginaire, c’est une hallucination ; gardez donc toujours présent à l’ esprit que c’est dans la conscience que tout se passe. Armé de cette conviction, ne bougez pas, ne pensez à rien de ce qui arrive dans la conscience. Il est nécessaire de comprendre avec la plus grande conviction que tout est temporaire, et n’est en rien une réflexion de votre nature vraie.» ( Sri Nisargadatta Maharaj Conscience et Absolu P68 )


« Vous n’aviez pas ce concept du «Je suis» pendant les neuf mois de gestation. Comprenez bien ce qui se passe ; le concept "Je suis" apparaît et disparaît spontanément. C’est incroyable, mais quand il apparaît, on I’accepte comme réel. Toutes les erreurs qui suivent viennent de cette sensation de réalité attribuée à « l’être-moi ». Essayez de vous stabiliser dans ce concept premier du «Je suis» pour pouvoir le perdre, et avec lui tous les autres concepts. Pourquoi suis-je totalement libre ? Parce que j’ai compris la non-réalité de ce «Je suis».

Je salue tous les prophètes, croyances, religions, etc. Je sais qu’ils n’ont pas de réalité, ils sont seulement une mise en scène de la conscience. On ne peut pas faire l’expérience de la Vérité, de l’Eternel. Il règne pour l’éternité. » ( Sri Nisargadatta Maharaj Conscience et Absolu P71 )


La conscience est à la fois la chose qui connaît, la cognition, et l’objet de la connaissance.

« Vous égratignez seulement la surface. ça ne peut vous servir à rien. Ce que vous entendez doit vous percer comme une flèche, atteindre la profondeur de votre être. Il doit y avoir une réaction de l’intérieur; sans cela, ce que vous entendez ne vous sert à rien. Quand la flèche atteindra sa cible, vous le saurez. » ( Sri Nisargadatta Maharaj Conscience et Absolu P58 )


Il est donc à espérer que la flèche va atteindre sa cible, c’est-à-dire vous; et vous transpercer de la Vérité.


5. Qui suis-je ?


Nous continuons de développer le point de vue advaïta de Sri Nisargadatta Maharaj pour répondre clairement à cette question et à d’autres qui en découleront.


« Dans votre état vrai, il n'y a pas de mots ; mais vous vous croyez très important, et vous vous attachez à beaucoup de mots. Cette humanité souffrante est piégée entre le monde et la vie spirituelle. Il y en a un sur un million qui comprend que tout ça est le décor de la Conscience, et qui le dépasse.» ( Sri Nisargadatta Maharaj Conscience et Absolu P71 )


"Le moment viendra quand vous aurez digéré assez de mots.

Quand ce moment vient, prenez le défi : faites-vous face directement sans aucun commentaire de votre mental.

Dans une conscience silencieuse vous connaissez la vérité.

Dans le silence le divin est révélé.

Dans le silence vous disparaissez.

Maintenant est le moment de rentrer dans le silence.

Le silence est la réponse.»

Maitreya Ishwara


Nous allons tout faire pour que vous soyez l’unique sur un million !


Y a-t-il eu une volonté de la Conscience de venir se manifester dans le monde, dans votre corps ?


« Comment cet «être-moi» s’est-il produit ? Est-ce arrivé spontanément, ou parce que vous l'avez voulu ? En tant qu’Absolu, vous étiez libre de tout concept, y compris le concept premier du «Je suis » ; soudain, vous êtes piégé dans cet «être-moi». Qui est responsable ? N’est-ce pas arrivé spontanément ? »


Q: Est-ce que je peux stopper cet "être-moi» et être avant le «Je suis» ?


M: « Comment stopper un processus naturel ? Tout arrive spontanément. En ce moment vous êtes dans la conscience, qui bouge, qui vibre. Ne croyez pas que vous êtes quelque chose d’autre que cette conscience qui bouge et qui vibre. Vous faites partie du jeu de cette conscience. Vous, la conscience, vous êtes le produit de la nourriture consommée. Au niveau de la conscience active, qui est Soi , et qui est en activité, il ne peut y avoir d’identification à un corps particulier.» ( Sri Nisargadatta Maharaj Conscience et Absolu P78 )


« Tout ce qui change n’est pas votre Soi ; ce corps-esprit change constamment. Il n’était pas là, il est arrivé, il va disparaître. Il n’est pas vous. Découvrez ce que vous êtes. » ( Sri Nisargadatta Maharaj Conscience et Absolu P83)


« Tout ce qui est saisi par l’esprit et l’intellect fait partie de ce monde objectif. Vous avez entendu ce que j’ai dit, mais vous êtes totalement influencés par vos expériences conceptuelles.» ( Sri Nisargadatta Maharaj Conscience et Absolu P92)


« En ce moment, en moi, il y a seulement l’être et le fonctionnement. L’individu et la personne ont été jetés par dessus bord. II n'y a pas de personne, et par conséquent il n’est question ni de naissance, ni de vie, de mort. Il ne reste que la Conscience sans nom et sans forme. Il n’y a pas d’individu du tout. La forme a besoin d’un nom, mais quand il n’y a ni forme ni nom, alors la conscience n’est là que tant que le corps est là aussi, mais sans qu’il y ait un individu. Le corps est aussi utile maintenant qu’il I’ était avant la naissance, et le sera après la mort. Comment me connaissez-vous? Vous me connaissez seulement par I'acquisition de la forme corporelle, le nom et la forme. Est-ce que vous me voyez réellement comme je suis ? J’en doute.»


« Qu’est-ce qui vous fait vous considérer comme une personne ? Votre identification au corps. Cette pe­rsonnalité individuelle va-t-elle durer ? Elle va demeurer aussi longtemps que votre identification au corps. Mais quand s’établit la ferme conviction que vous n’êtes pas le corps, alors cette individualité est effacée. C’est la plus simple des choses; dès que vous êtes convaincu de ne pas être le corps, alors automatiquement, instantanément, vous devenez le tout manifesté. Dès que vous délaissez votre individualité, vous devenez le tout manifesté. Car votre être véritable est séparé même de ce qui est totalement manifesté. Vous assumez cette individualité à l’intérieur du tout manifesté tant que vous vous identifiez au corps.» ( Sri Nisargadatta Maharaj Ultime guérison P117 )


« Je ne parle pas du corps-esprit et de ce qui se passe dans le monde. Je parle seulement de votre nature vraie, et votre nature vraie est cette présence que vous sentez, cette conscience. Si vous n’êtes pas conscient, le monde n’existe pas pour vous. Il n’y a rien là-bas. Le monde n’existe pour vous que quand vous êtes conscient, c’est donc de cette conscience, de ce sentiment d’une présence, que je parle.

Une fois que cette présence s’est fait sentir, je ne m’intéresse pas à ce que vous faites, ou comment vous le faites. Ce sentiment de présence, cette conscience, n’est-elle pas antérieure à tout le reste ? Si vous n’êtes pas conscient, quelle pensée pouvez-vous avoir, à propos de n’importe quoi ? Ce sentiment de présence, cette conscience, ne sont-ils donc pas la chose originale, sans quoi rien d’autre ne peut arriver ? Rien —aucune pensée, aucun concept— ne peut jaillir de lui­-même. Il n’y a pas d’activité possible sans le sentiment de présence. Ce sentiment de présence n’a besoin d’aucune activité de l’esprit pour savoir que vous êtes là. Vous n’avez pas besoin de vous demander; «Suis-je présent, suis-je conscient ?» Il y a ce sentiment intuitif de présence, vous savez que vous êtes là.

Ce sentiment de présence n’est pas le sentiment que je suis présent, vous êtes présent, que quelqu’un est présent. C’est le sentiment de présence, en tant que tel. Mais comme on s’identifie au corps-esprit, on pense qu’on est né et qu’on va mourir. Ce qui est né est le sentiment général de présence, en tant que tel. Ce sentiment de présence est venu de lui-même, et partira de lui-même. Il n’y a pas d’individu, si ce n’est par identification au corps-esprit. Le sens du temps, de la durée, ou des événements dans le temps, tout cela n’est possible que s’il y a conscience. Sans conscience, avez-vous le sens du temps ?

Il y a la mèche, et il y a le combustible ; après quoi, la lumière peut être. La lumière dépend de la quantité de combustible. Voilà comment le facteur temps joue. Le sentiment de présence, cette conscience, est tout. Alors essayez de voir comment elle a jailli, et pour combien de temps. Il y a de la lumière tant qu’il y a du combustible - dans ce cas -, le corps-esprit qui est composé des cinq éléments, qui eux-mêmes sont une accumulation de nourriture. Sans nourriture le corps-esprit ne dure pas, et sans lui la conscience ne dure pas non plus. Cette conscience dépend donc de la durée d’existence du corps. Même cette conscience n’est pas tout, elle ne va pas durer pour toujours. Voyez comment cette conscience a jailli, quelle est sa source.

Ce corps, c’est quoi ? Seulement une accumulation de nourriture et d'eau. Cette nourriture et cette eau ne sont certainement pas vous, et cette conscience n’est que la nature de cette nourriture et de cette eau. Vous êtes donc quelque chose qui existe séparément du corps ou de la conscience. Tant que le corps est là, quiconque se considère comme un individu a pour unique capital ce sentiment de présence, cette conscience. Traitez-la comme la divinité la plus haute, n’adorez rien d’autre que ce sentiment de présence ; quand vous ne faites qu’un avec lui, tout ce qui est nécessaire pour la connaissance spirituelle viendra de soi.

S’il y a des problèmes ou des questions qui vous occupent, vous verrez qu’ils viennent de votre identification au corps et à l’esprit considérés comme un individu. Sans cette identification, aucune question n’est possible. C’est la conclusion à laquelle vous arriverez.»

( Sri Nisargadatta Maharaj Conscience et Absolu P91 )



Alors ? Serez-vous l’unique sur un million qui réalisera qu’il fait partie du jeu de la conscience, que vous, la conscience êtes le produit de la nourriture consommée. Que (votre) la conscience active ne peut s’identifier à un corps particulier, donc au vôtre. Et, qu’avant que cette conscience ne se manifeste dans un corps irréel, il faut bien que quelque chose, qu’on a appelée ici (encore des mots) Absolu soit votre vraie nature. Nous examinerons bien entendu diverses conséquences de cette découverte.


6. Le temps.


Le sens du temps, de la durée, ou des événements dans le temps, tout cela n’est possible que s’il y a conscience. Sans conscience, avez-vous le sens du temps ? Personne à ce jour ne peut expliquer ce qu’est le temps et pourtant c’est lui, ici, qui va nous faire découvrir notre véritable nature.


M. : « Tout ce qui a un commencement a nécessairement une fin. Dans l’intemporel, tout est parfait, ici et maintenant. » ( Sri Nisargadatta Maharaj Je suis P440 )


Q: Mais quand atteindrons-nous l’intemporel ?


M: « Quand l’heure sera venue, nous reviendrons à notre point de départ. Le temps ne peut pas nous emmener hors du temps, pas plus que l’espace ne peut nous emporter hors de l’espace. Tout ce que vous gagnez à attendre, c’est encore plus d’attente. La perfection absolue est ici et maintenant et non dans un avenir plus ou moins lointain. Le secret se trouve dans l’action — ici et maintenant. C’est votre comportement qui vous aveugle à vos propres yeux. Rejetez tout ce que vous pensez être et agissez comme si vous étiez absolument parfait, quelle que soit l’idée que vous vous faites de la perfection. Tout ce qu’il vous faut, c’est du courage ». ( Sri Nisargadatta Maharaj Je suis P440 )


Q : J’ai parfois la sensation que l’espace est mon corps.


M: « Quand vous êtes lié par l’illusion « je suis ce corps », vous n’êtes qu’un point dans l’espace et un instant dans le temps. Quand l’identification de soi au corps a disparu, tout l’espace et tout le temps sont dans votre mental qui n’est qu’une simple vague dans la conscience, Conscience réfléchie dans la nature. La conscience et la matière sont les aspects actif et passif de l’être pur qui se situe dans les deux et est au-delà des deux. Mon sentiment est que tout ce qui se passe dans l’espace et dans le temps m’arrive à moi, que toute expérience est mon expérience, que chaque forme est ma forme. Ce que je pense être à moi devient mon corps et tout ce qui arrive à ce corps devient mon mental. Mais à la base de l’univers se trouve la Pure Conscience, au-delà de L’espace et du temps, ici et maintenant. Sachez qu’elle est votre être authentique et agissez selon ce savoir ». ( Sri Nisargadatta Maharaj Je suisP509 )

À la base de l'univers se trouve la pure Conscience. C'est bien ce que nous dit Khalil Gibran dans " Le Prophète " :

« Et un astronome dit, Maître, qu'en est-il du temps ?

Et il répondit :

Vous voudriez mesurer le temps, l'infini et l'incommensurable. Vous voudriez adapter votre conduite et même diriger le cours de votre esprit selon des heures et des saisons. Du temps vous feriez une rivière au bord de laquelle vous vous assoiriez pour observer son cours.

Cependant l'intemporel en vous est conscient de l'intemporalité de la vie. Et sait qu'aujourd'hui n'est que le souvenir d'hier et demain, le rêve d'aujourd'hui.

Et que ce qui chante et contemple en vous est encore fixé dans les limites de ce premier instant qui sema les étoiles dans l'espace.

Qui parmi vous ne sent que son pouvoir d'aimer est illimité ? Et cependant qui ne sent ce même amour, quoique illimité, enfermé au centre de son être, et ne procédant pas d'une pensée d'amour à une pensée d'amour, ni d'un geste d'amour à un autre geste d'amour ?

Et le temps n'est-il pas comme est l'amour, indivisible et immobile ?

Mais si dans votre pensée vous devez mesurer le temps en saison, que chaque saison enveloppe toutes les autres, et qu'aujourd'hui embrasse le passé avec souvenir et le futur avec aspiration ».

Khalil Gibran nous dit bien que le temps ne peut exister que dans notre mental, dans notre corps-esprit.


Q: L'actuel est réel alors qu’il y a une grande part d’incertitude dans le souvenir.

M: « Exactement, mais pourquoi? Il y a un instant, le souvenir était actuel, dans un instant, l’actuel deviendra souvenir. Qu’est-ce qui fait la singularité de l’actuel? C’est évidemment votre sensation d’être présent. Dans la mémoire comme dans l’anticipation, on ressent clairement que ce sont des états mentaux que l’on observe, alors que dans l’actuel, nous avons, avant tout, la sensation d’être présent et conscient. Cette sensation d’ici et maintenant, vous la portez toujours et partout en vous. Ce qui veut dire que vous êtes indépendant du temps et de l’espace, que l’espace et le temps sont en vous et non vous en eux. C’est votre auto-identification au corps, qui bien sûr est limité dans le temps et l’espace, qui vous donne ce sentiment de finitude. En réalité vous êtes infini et éternel. » ( Sri Nisargadatta Maharaj Je suis P544 )

Le paragraphe précédent est peut-être le plus important de tout ce texte. Répétons le : Dans l'instant présent, vous êtes indépendant du temps et de l'espace. L'espace et le temps sont dans votre mental, dans votre corps-esprit. Vous, votre vraie nature, n'êtes pas dans l'espace et dans le temps. Vous, votre véritable nature êtes le contraire du temps et de l'espace, vous êtes infini et éternel. Alors ? Serez-vous l’unique sur un million qui réalisera qu’il est l'Absolu ?

Maintenant, continuons à perfectionner cette connaissance en lisant Sri Nisargadatta Maharaj , nous verrons que cette connaissance elle-même fait partie du temps et ne nous appartient même pas :


M: « Qu’est-ce qui n’est pas limité dans le temps ? L’expérience que vous êtes est liée au temps. Vous savez que vous êtes; c’est un état lié au temps. La conscience veut dire un état tributaire du temps et le temps apparaît spontanément. Cette conscience ou sensation d’identité est le temps, que j’appelle kala. Kala signifie « temps ». Avec l’apparition de la conscience, le tic-tac du temps a débuté. Tout cela est le jeu des concepts. Ce concept primaire « je suis » apparaît spontanément. Il aime «je suis » ; il aime cet état « je suis ». Il « dévore » toujours plus de concepts et se mêle à eux. Et quelle est la source de tous les concepts ? Cette sensation première « je suis ». N’oubliez jamais le fait qu’il est lui-même un concept lié au temps. Ainsi, tout cela n’est que divertissement mental.


Le monde est une illusion, il n’est pas éternel. Pourquoi est-il irréel ? Parce qu’aucune connaissance ne demeure en permanence, à la différence d’une connaissance réelle. J'ai eu plusieurs identités: j’ai été un enfant, j’ai été un garçon, j’ai été un adolescent, j’ai été un jeune homme, j'ai été un vieil homme. Tout comme d’autres identités que je croyais constantes, elles ne le demeurent pas. Finalement, je suis devenu très vieux. Ensuite, il a fallu me nourrir, vous savez, avec une bouteille. Alors, quelle identité m’est demeurée fidèle ?


Tout ce que je me suis approprié en fait de connaissance, je l’ai finalement rejeté. Rien ne demeure avec moi à l’instant de la mort : tout est parti.


De l’enfance à la vieillesse, vous vous associez à divers plans: physique, mental, conceptuel. Ces associations ne vont pas vous suivre jusqu’à la fin; elles sont toutes des phases transitoires. Finalement, l’association avec la sensation d’identité, que vous présumez avoir avec vous constamment, va finalement vous laisser aussi, parce cela est également lié au temps. Quand le corps succombe, cette sensation « je suis» qui avait été avec vous depuis votre enfance s’en va aussi. Alors, ce qui est éternel et vrai repose hors d’atteinte des cinq éléments; cela transcende les cinq états élémentaires. Tout ce qui est observé change constamment. Seul l’état de changement est observé, mais l’observateur ne change pas. Quand l’observation prend fin, demeure ce qui est éternel. Le mystère ne sera pas résolu avant que vous n’obteniez la connaissance relative à votre naissance­. » ( Sri Nisargadatta Maharaj L’ultime guérison P200 )



7. L'Absolu.


L' Absolu.


C'est le terme que je conserve. Mais c'est aussi :


Le Suprême.


L'Ultime.


L'Océan.


Le Soi.


Suis.


L'Un.


Le Brahman.


Le ParaBrahman.


L'Absolu Suprême.


Le Guru.


Le Non-être.


Sat Guru.


La Vérité Ultime.


Le Nirvana Nirguna.


Le Sans forme.


L'Eternel.


Dieu.


La Réalité Suprême.


Aviakta.


La Conscience Universelle.


Sat-Cit-Ananda.


Le Non Manifesté.


Paramâtmâ.


La Conscience Transcendantale.


Ishvara.


Om.



et .... Neti Neti (Pas cela pas cela)


Car l'Absolu et tout ses synonymes ne sont que des concepts, et les concepts font partie du mental et donc du corps-esprit. Aucun mot ne peut rendre ce qu'est l'Absolu, car il échappe aux mots.


Commençons par Sat-Cit-Ananda. Qui signifie Être, Conscience et Béatitude. Ces trois termes sont choisis pour désigner la suprême Réalité, donc l'Absolu, parce que l'Être en soi, distinct des formes particulières de l'Être, ne peut être pensé. " Être" c'est " être conscient " et l'Être-Conscience en sa perfection est le Tout, et l'Être sans limite, absolument libre, est Béatitude. Ces trois termes désignent la suprême Réalité créatrice, l'Absolu créateur, tel qu'il est en lui-même. Par l'ajout sur ces termes du Nom (Nâma) et de la Forme (Rûpa), autrement dit du Mental et de la Matière, nous avons I'Être-Conscience et la Béatitude limités, qui sont : l'Univers.


Qu'est donc l'Absolu lorsqu'il n'y a pas d'Univers ? Il est alors Puissance d'Être, Il se conserve et résiste au changement. Dans l'évolution, Il est puissance de devenir et de changement, et dans sa manifestation formelle, il est, comme cause matérielle, le Devenir changeant des Mondes. Le Devenir n'égale pas l'Absolu car il est forme finie et l'Absolu est l'infini sans forme. Le Repos implique l'Activité, et l'Activité implique le Repos. L'Absolu n'est donc pas en Repos, ni en Activité. L'Absolu, irréductible, est " Esprit " dans le sens de Conscience Pure (Cit), dont procèdent par sa Puissance, le Mental , la Matière et la conscience . La Conscience est Une. La conscience, le mental et la matière sont multiples. La Conscience est infinie et informelle. Le Mental et la Matière sont finis et formels (rûpa).


L'Esprit ou l'Absolu est Un. Il n'y a en lui ni différences ni degrés. L'Absolu qui est dans l'homme est l'Absolu Unique qui est dans toute chose et qui , comme objet de culte, est le Seigneur Ishvara ou Dieu.


Qu'en est-il de "Ananda" ? L'Absolu est Béatitude absolue parce qu'étant le Tout infini ( Pûrna), rien ne peut lui manquer.


Le Mental n'est évidemment pas la Conscience Pure (Cit), mais la conscience limitée. Certaines choses dans le monde phénoménal semblent être plus conscientes que d'autres. Cela est dû au fait que Cit, qui n'est jamais absente de rien, se manifeste à divers degrés suivant le corps qu'elle a revêtu. L'Esprit demeure le même ; le mental et le corps varient. La manifestation de la conscience est plus ou moins limitée, à mesure qu'on s'élève du minéral à l'homme. Derrière toutes ces formes particulières et changeantes de sensibilité ou de conscience est le Cit unique, informelle, immuable en soi (Svarûpa) , c'est-à-dire distinct des formes particulières de sa manifestation.


Comme à travers tous les degrés de vie Cit demeure la même, Elle ne se développe pas elle-même en réalité. L'apparence de développement est due au fait qu'Elle est plus ou moins voilée ou contractée par le Mental et la Matière. C'est en la voilant ainsi que la puissance de la Conscience crée le monde . Et ce qui voile Cit, le Mental et la Matière, ou le Corps-Esprit est aussi appelé "Mâyâ". Mâyâ Shakti est cela, qui en apparence, change le Tout (Pûrna) en non-tout (Apûrna), l'infini en fini, l'informel en formes. C'est donc une puissance qui réduit ou voile la Conscience parfaite (Cit), l'Absolu. Cette Mâyâ Shakti est la Puissance de l'Absolu par qui le monde de la dualité est amené à l'être. L'Absolu se voile à lui-même et projette l'idée d'un monde où il éprouve souffrance et plaisir. L'Univers est donc l'imagination créatrice du Suprême Penseur du monde c’est-à-dire Ishvara. L'homme voit le monde, avec toutes les choses et toutes les personnes qui s'y trouvent, comme différent de lui-même; alors que lui, le monde et tous les êtres sont le même Absolu unique. Mâyâ Shakti établi une séparation dans ce qui serait, sinon, une expérience d'unité et produit le dualisme inhérents à toute expérience phénoménale. Elle voile la Conscience en se niant Elle-même comme conscience à des degrés divers. Avant la manifestation de l'univers, l'Absolu infini était seul. Le monisme suppose un double aspect de la Conscience : l'aspect transcendant, immuable et l'aspect créateur et changeant, c'est le jeu du "JE" (Aham) et le "CELA" (Tad). Le monde des objets sont indissolublement mêlés dans l'expérience suprême de l'Unité. C'est l'état de "Nirvikalpaprajnâna" dans lequel il n'existe aucune distinction du "Je" et du "Cela".

Où va l'Univers au moment de sa dissolution? Il se résorbe en l'Absolu par qui Sa Puissance le projeta. Il se réduit à un point sans aucune étendue en dehors de l'espace et du temps. Cet Univers n'est pas le premier, il n'est qu'un monde dans une série de mondes passés et futurs. Au moment de la dissolution ( Pralaya) il y a dans l'Absolu la potentialité de l'univers futur, Mâyâ, le monde existe potentiellement. Les mondes existent parce que, dans leur totalité, ils veulent l'existence. Chaque individu existe parce que sa volonté désire la vie dans le monde. Le germe du monde est donc la volonté collective ou cosmique de vie manifestée, vie des formes et de la jouissance. Quand le germe du monde mûrit dans la Conscience pure, parfaite, informelle, l'Absolu; naît le désir de se manifester dans le monde des formes, le désir d'être forme et de jouir des formes.


Maintenant, la Conscience Une, envisagée sous un aspect de dualité, est Transcendante et Immanente. La Conscience Transcendantale est appelée le Paramâtmâ. La Conscience ou l'Absolu incarné dans le Mental et la Matière est le Jîvâtmâ. L'Absolu est informel, le Jîvâtmâ, lui, a une forme. La forme est un produit de l'Absolu sous son aspect de Puissance (Shakti ou aussi Prakriti selon les écoles). La Puissance, aussi nommée Prakriti Shakti, est la source directe du Mental et de la Matière ( que nous appelons corps-esprit). Le Jîvâtmâ est un centre de conscience limitée, limitée par la Prakriti qui s'y est associée et par le corps-esprit qu'elle produit. Il est inutile de lever les yeux vers le ciel pour trouver l'Absolu, Il est en nous comme le « Maître intérieur » ou le « Soi intérieur ». L'homme est essentiellement un avec le "Seigneur Suprême" avec l'Absolu. Le corps-esprit, ( le Mental et la Matière ayant tous deux la même origine), est matériel et est un instrument limité par lequel opère l'Absolu qui, bien qu'illimité en lui-même, apparaît ainsi limité. Voilà donc une autre vision qui reste toutefois et heureusement bien similaire sur de nombreux points.



8.Méthode et contrôle.


M: « C’est simplement ce concept que vous entretenez sur vous-même qui décide. Qu’il soit celui d’un grand homme, d’un homme important, ou d’un homme humble, peu importe ce qu’il décide, ou croit qu’il décide, il ne s’agit que d’un concept. Cela veut dire que l’individu en tant qu’objet pense qu’il peut décider, alors qu’en fait aucun objet ne peut décider. S’il ne comprend pas, alors tout est conceptuel. Il faut comprendre que le complexe corps-mental est un simple objet, un phénomène, et qu’aucun phénomène ne peut agir. Le concept est donc très ancré dans votre complexe corps-mental. »

« La plupart des choses du monde se font par elles-mêmes. » ( Essais de Montaigne, III,8,933 )

« Vous ne parviendrez jamais à saisir votre nature véritable; pour cela, le centre de perception doit changer. Si ce centre de perception est un phénomène, alors, où que vous regardiez, ce regard provient encore du centre du phénomène. A moins que ce centre de perception ne devienne lui-même le noumène, vous n’aurez jamais une idée de votre vraie nature.

Qui a décidé que je suis le corps? Un pur concept. Ce concept, bien sûr, loge dans le mental. Ce n’est donc qu’un concept que je suis le corps. C’est également un concept que toute action est accomplie par ce corps; cela signifie qu’il y a eu une « objectivation », un concept que je suis cet objet, le corps. À partir de là, ce qui donne le ton est le concept que ce que fait le corps est mon action. Mais quand ce concept est compris - c’est-à-dire quand l’objet est connu comme un objet, le faux comme le faux -, alors vous adoptez le point de vue du sujet. Dès que vous adoptez ce point de vue, l’objet disparaît. vous voyez tout ce qui arrive comme un surgissement dans I’ environnement, sans vous sentir concerné par lui; vous ne faites que l’observer.

Être le corps et la personnalité individuelle, c’est être lié par le temps. Une mesure du temps intervient. Ce concept même qui s’est habitué à affirmer « je suis le corps » dira « je suis né et je vais mourir ». Qui affirme « je vais mourir » ? Uniquement le concept. Une fois dégagé du concept, le sujet est hors du temps. Il n’y a plus de concept d’espace-temps pour le sujet.

Je le répète, non seulement ce concept dit «je suis le corps », mais il est aussi conscient d’être lié par le temps; c’est pourquoi il dit « je vais mourir ». Mais celui qui connaît le concept n’est pas lié par le temps; il est tout à fait séparé du concept. Le corps meurt. Qu’est-ce que cela signifie ? Simplement que la pensée « je suis », a disparu. Rien n’est arrivé à celui qui vit cet événement.

Celui qui sait avoir affaire à un concept et que celui-ci disparaîtra ne subit pas l’expérience de la naissance ni du bonheur ou du malheur ni de la mort. » ( Sri Nisargadatta Maharaj, Ultime guérison P129_130 )


« L’effort de se comprendre soi-même, c'est le yoga ; devenez un yogi, consacrez-y votre vie, ruminez-en l’idée, émerveillez-vous, cherchez jusqu’à ce que vous soyez parvenu à la racine de l’erreur et, au-delà de l’erreur, à la vérité. » ( Sri Nisargadatta Maharaj, Je suis P432 )

Mais ne recherchez pas des expériences spirituelles car : M : « Tout ça n’est que divertissement. » ( Sri Nisargadatta Maharaj, Conscience et Absolu P45 )

M : "Tant que nous croyons avoir besoin de choses pour nous rendre heureux, nous croyons également que leur absence doit nous rendre misérables. Le mental se conforme toujours à ses croyances, d’où l’importance qu’il y a de se convaincre que nous n’avons pas besoin d’être poussés vers le bonheur ; qu’au contraire le plaisir est une distraction et une gène, car il ne fait que raffermir la fausse conviction qu’il nous faut posséder et faire des choses pour être heureux, alors qu’en réalité, c’est tout juste l’inverse. Pourquoi même parler du bonheur? Vous ne pensez au bonheur, que quand vous êtes malheureux. L’homme qui dit : « Maintenant je suis heureux», est entre deux chagrins — passé et futur. Ce bonheur n’est qu’une simple excitation causée par le soulagement d’une douleur. Le bonheur authentique n’existe que dans l’inconscience totale à soi-même. C’est négativement qu’on l’exprime le mieux, par des phrases telles que: « Rien ne va mal chez moi, je n’ai rien qui puisse me tourmenter ». En fin de compte, le but ultime de toute sadhana est de vous amener au point où cette conviction, au lieu d’être purement verbale, se fonde sur une expérience réelle et toujours présente. Celle d’être le vide, de ne plus être encombré de souvenirs et d’espérances, elle est comme le bonheur que donnent les grands espaces libres, le bonheur d’être jeune, d’avoir tout le temps et toute l’énergie de faire des choses, de découvrir, de connaître l’aventure. (Sri Nisargadatta Maharaj, Je suis P512)

Maharaj : " Chacun fait son travail personnel, mais chacun a sa qualité propre­.

Voici quelques épreuves pour savoir si vous êtes oui ou non sur la voie spirituelle. Analysez ce à quoi vous pensez pendant une journée de vingt quatre heures. Vous dites que vous avez la connaissance du Soi, que vous avez rassemblé cette connaissance du Soi ; mais de quoi discutez vous à I’ intérieur, dans votre flot mental, toute la journée ? Vous discutez de toutes vos affaires quotidiennes. Vous ne parlez pas de ce qui se passe ici, de votre identité, de ce que vous êtes; ça, vous n’en discutez-pas. Y a-t-il quelqu’un ici qui, seul avec lui-même, ne se préoccupe que du Soi ? Vous êtes ce qu’est la qualité et l'intensité de votre pensée.

Moi aussi je suis agité. Ma douleur et ma misère en ce moment, personne d’autre dans le monde n’en fait I’ expérience à ma place. Ces entretiens ne sont pas pour tout le monde.

Au-delà de l’expérience basée sur le corps-esprit il n’y a pas d’expérience de conscience. Je voudrais parler de cet état au-delà de la conscience. Il y a des millions de noms, mais ils se réfèrent tous au monde objectif. Même le titre de «parents» fait référence à des corps ; c’est parce qu’il y a des corps qu’il y a ce titre de «parents». Je veux que vous compreniez clairement que sans la conscience basée sur le corps il n’y a pas de Brahman ; le Brahman est parce que la conscience est, et la conscience est parce que le corps est. La conscience basée sur le corps est le résultat des cinq éléments. Cette conscience et le monde ne sont pas différents ; ils sont identiques. Réfléchissez à cela dans ce sens.

Tout ce qui est saisi par l’esprit et l’intellect fait partie de ce monde objectif. Vous avez entendu ce que j’ai dit, mais vous êtes totalement influencés par vos expériences conceptuelles.

Ce corps est fait de nourriture, mais quelle est votre identité véritable ? Le corps est complètement ajusté, comme les grains que vous avez stockés sont complètement ajustés. C’est seulement de la nourriture. C’est le corps-nourriture et la conscience. L' Absolu est votre identité véritable. Je vous ai donné quelques indications sur l' Absolu. Vous n'avez pas dépassé la conscience, et la conscience est la première étape. Jouir de la conscience totale n’est pas la fin". (Sri Nisargadatta Maharaj, Conscience et Absolu P92)

Enfin, la voici la méthode :

M: "Ce que vous voyez n’est rien d’autre que vous-même. Appelez cela comme vous voulez, cela ne change rien au fait. Au travers du film de votre destinée, votre propre lumière peint des images sur l’écran. Vous êtes le spectateur, la lumière, l’image et l’écran. Même le film de votre destinée (prarabdha) est choisi par vous-même et vous vous l’imposez. L’esprit est joueur et il se plaît à surmonter les obstacles. Plus dur sera la tâche, plus profonde et plus ample sera son auto-réalisation." (Sri Nisargadatta Maharaj, Je suis P504)


Q: Si je ne suis que lumière, comment en suis-je venu à l’oublier ?


M : " Vous n’avez pas oublié. C’est dans le film qui se déroule sur l’écran que vous oubliez, puis vous vous souvenez. Vous ne cessez jamais d’être un homme parce que vous rêvez être un tigre. Pareillement, vous êtes la pure lumière qui apparaît en tant que film sur l’écran, et qui, aussi, devient une avec lui. (Sri Nisargadatta Maharaj, Je suis P507)


Contentez-vous de considérer la personne que vous imaginez être comme une partie du monde que vous percevez dans votre mental et regardez le mental de l’extérieur, car vous n’êtes pas le mental. En définitive votre seul problème est la vivacité avec laquelle vous vous identifiez à tout ce que vous percevez. Secouez cette habitude, rappelez-vous que vous n’êtes pas ce que vous percevez, utilisez votre pouvoir de distanciation éveillée. Voyez-vous vous-même dans tout ce qui vit et votre attitude sera l’expression de votre vision. Quand vous aurez réalisé qu’il n’y a rien dans ce monde que vous puissiez appeler vôtre, vous le regarderez de l’extérieur comme vous regarderiez un drame sur une scène ou un film sur un écran, admiratif et réjoui, mais en réalité inébranlé. Tant que vous vous imaginerez être quelque chose de tangible et de solide, une chose parmi les autres, existant réellement dans le temps et l’espace, en contact avec eux au seul point de l’ici et maintenant, et par ailleurs pénétrant et contenant tout, inapprochable, inattaquable, invulnérable vous n’aurez plus peur. Connaissez-vous tel que vous êtes — il n’y a pas d’autre remède contre la peur". (Sri Nisargadatta Maharaj, Je suis P511) ­

Il faut absolument se répéter sans cesse : Je suis le spectateur, la lumière, l’image et l’écran. Je suis le spectateur, la lumière, l’image et l’écran. Je suis le spectateur, la lumière, l'image et l'écran...Je suis le spectateur, je suis le spectateur, je suis le spectateur... Je suis, je suis, je suis.... Suis. Suis. Suis.....................


Sat-Cit-Ananda


9. Seconde méthode : la méditation.


"Tout ce qui change n’est pas votre Soi ; ce corps-esprit change constamment. Il n’était pas là, il est arrivé, il va disparaître. Il n’est pas vous. Découvrez ce que vous êtes.

C’est la conscience qui est importante. Concentrez-vous sur la conscience. Voilà ce que c’est que la méditation; méditez, et la conscience vous dira tous les secrets. La conscience aime cet Amour-de-soi. Concentrez-vous sur la conscience seulement, vous apprendrez à la connaître. Si vous vous intéressez au monde, alors vous ne vous intéressez pas à la conscience. Intéressez-vous seulement à elle, alors elle vous dévoilera tous les secrets, et alors vous saurez ce que vous êtes. Ce «vous» saura qui vous êtes, mais cet aperçu signifie conscience et là il n’y a plus de «Je».

La méditation, c’est se regarder. Etre dans la conscience, sans rien d’autre, c’est la connaissance sans langage que vous ÊTES. Il y aura des pensées, mais de plus en plus faibles, seul le sens d’être, d'étant continuera: seulement la conscience, sans activité aucune. Se regarder agir, par exemple observer sa colère, est à un niveau inférieur, celui de l’identification au corps-esprit". (Sri Nisargadatta Maharaj, Conscience et Absolu P83)



"Quand il n’y a aucune individualité, qu’est-ce que celui qui médite et qu’est-ce que la méditation ? Lorsque cette individualité n’est pas là, qui médite et sur quoi ? Les gens parlent très librement de « méditation », mais que font-ils vraiment ? Ils se servent de leur conscience individuelle pour se concentrer sur quelque chose. Dhyana, c’est quand cette connaissance, cette connaissance que « je suis », médite sur elle-même, et non sur quelque chose d’autre qu’elle-même » .

M: " En aucun cas la connaissance n’a de forme ».


M: " Quand vous affirmez que vous devez vous asseoir pour méditer, la première chose à faire consiste à comprendre que ce n’est pas cette identification au corps qui s’assied pour méditer, mais plutôt cette connaissance « je suis », cette conscience qui s’assied et médite sur elle-même. Quand ceci est bien compris, alors ça devient facile. Quand cette conscience, cette présence consciente se fond en elle-même, I’ état de samadhi s’ensuit. Quand ce mana, buddhi, chita, peu importe le nom, se fond en cet état, alors même la connaissance « je médite » s’efface; ceci aussi se fond dans cet état. C’est le sentiment conceptuel que j’existe qui disparaît et qui se fond dans l’être lui-même. Alors, cette présence consciente aussi fond dans cette connaissance, cette qualité d’être; c’est le samadhi. Cette connaissance se déploie et commence à avoir la connaissance de tout ce qui bouge et de tout ce qui ne bouge pas. Cette connaissance commence à se connaître elle-même. Qu’arrive-t-il finalement? Seule la présence consciente demeure. Ceci veut dire qu’il n’y a que la présence consciente: ni « moi » ni « toi » ni rien. Je le répète: c’est une présence totale. C’est une manifestation totale : ni moi, ni toi, ni rien d’individuel.

Cette conscience, qui est dans le corps et qui a par conséquent présumé par erreur être le corps, prend graduellement conscience de sa nature véritable, qui est d’être seulement présence consciente sans aucun aspect individuel inhérent. Finalement, elle se considère comme la présence consciente de la manifestation totale, et toute individualité s’abolit.

Par conséquent, ce qui commence, comme de l’égoïsme ( dans le sens individuel, comme identification avec l’individu) devient, à la fin, la connaissance du Soi en tant que présence consciente ". (Sri Nisargadatta Maharaj, Ultime guérison P117)




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