La Baghavad Gitâ

La Réincarnation et la Métempsychose expliquée par la Bhagavad Gîtâ

Le Bienheureux Seigneur dit: Certes, jamais ne fut le temps où je n'étais point, ni toi, ni ces rois, et ensuite, ne viendra pas celui où nous n'existerons pas. Bh.G II.12

De même que, dans un corps donné, enfance, jeunesse, vieillesse échoient à une âme incorporée, de même acquiert-elle d'autres corps. Le sage ne s'y trompe pas. Bh.G II.13

Le non-être n'accède pas à l'existence, l'être ne cesse pas d'exister. La démarcation entre ces deux est évidente pour les Maîtres qui en ont fait l'étude. Bh.G II.16

Or, reconnais pour indestructible tout ce par quoi l'univers est issu. Ce qui est immuable nul ne saurait en provoquer la destruction. Bh.G II.17

Ces corps ont une fin; l'esprit qui s'y incarne est éternel, indestructible, incommensurable. Voilà ce qui est dit. Bh.G II.18

A la façon d'un homme qui a abandonné ses vêtements usés et en prend d'autres, neufs; l'âme incarnée abandonnant son corps usé, voyage dans d'autres qui sont neufs. Bh.G II.22

Les armes tranchantes ne la coupent pas, le feu ne la brûle pas, l'eau ne la mouille pas, le vent ne la dessèche pas. Bh.G II.23

L'âme ne peut être ni coupée, ni brûlée, ni mouillée, ni desséchée; certes elle est omniprésente, stable, inébranlable; elle est éternelle et immortelle. Bh.G II.24

Elle est dite au-delà des apparences, des concepts et des altérations. C'est pourquoi, sachant cela, tu ne saurais t'apitoyer sur elle. Bh.G II.25

Toutefois, si tu croyais que l'âme sans cesse naît et renaît à jamais, même alors, Ô Héros au grands bras, tu ne saurais te lamenter sur elle. Bh.G II.26

Les êtres en devenir en leur commencement échappent à notre expérience, accessibles au milieu de leur cours, ils lui échappent quand ils sont anéantis. En pareil cas, Ô Bhâratide, pourquoi se lamenter? Bh.G II.28

C'est extraordinaire si quelqu'un voit l'âme, certes extraordinaire aussi si un autre en parle, extraordinaire si un autre l'entend; même si certains en ont entendu parler, jamais personne ne la connaît. Bh.G II.29

Dans le corps de chacun, Ô Bhâratide, ce possesseur du corps matériel ne peut jamais être tuée; aussi ne t'apitoies pas sur tous les êtres créés. Bh.G II.30

Nombreuses sont mes naissances passées et aussi les tiennes, Arjuna, je les connais toutes, toi, tu ne les connais pas, Ô Tourment de tes adversaires! Bh.G IV.5

Bien que je reste non né, mon essence étant immuable, bien que je sois le Seigneur Suprême, en usant de ma propre nature, je viens à l'existence par mon pouvoir magique. Bh.G IV.6

En effet, chaque fois et où que ce soit lorsque l'ordre défaille, Ô Bhâratide, et que s'élève le désordre, alors à ce moment, Je Me manifeste en descendant. Bh.G IV.7

Je viens à l'existence d'âge en âge pour la protection des bons et la destruction des méchants et pour rétablir l'ordre. Bh.G IV.8

Ma naissance et mon action sont divines. Celui qui vraiment sait cela en quittant son corps, ne risque pas de renaître mais il vient à Moi, Ô Arjuna. Bh.G IV.9

Beaucoup, affranchis des attachements, de la peur et de la colère, complètement absorbés en Moi, n'ayant de refuge et d'appui qu'en Moi, purifiés par la connaissance et les austérités, accèdent à ma propre condition. Bh.G IV.10

Mes actions ne me souillent pas, Je ne convoite pas leur fruit. Celui qui me reconnaît comme tel n'est pas lié par ses propres actions. Bh.G IV.14

Il doit être reconnu pour perpétuel renonçant celui qui ne hait point, ne désire pas et a surmonté les couples des contraires, Guerrier aux Grands Bras. Il se libère facilement du lien des renaissances. Bh.G V.3

Et ceux pour qui la connaissance détruit l'ignorance, cette connaissance telle un soleil illumine la réalité suprême. Bh.G V.16

Tendus vers elle d'un esprit vigilant, s'identifiant à elle, absorbés en elle, ayant en elle leur fin ultime, ils arrivent à l'état d'où il n'y a plus de retour. La connaissance nettoie toutes leurs souillures. Bh.G V.17

Celui qui est capable ici-bas, alors qu'il n'est pas encore délivré de son corps, de résister aux désirs pressants et à la colère, est un homme unifié et heureux. Bh.G V.23

Celui dont le bonheur, la joie et la lumière sont en lui-même, ce yogi identifié au Brahman, accède à l'apaisement en Brahman l'Absolu. Bh.G V.24

Obtiennent la libération en Brahman, les sages inspirés qui ont effacé leurs souillures, tranché la dualité et qui, maîtres de soi, sont engagés dans le bien de tous les êtres. Bh.G V.25

Les ascètes libérés du désir et de la colère, dont l'esprit est maîtrisé et qui ont la connaissance du Soi, sont assurés de la libération en Brahman. Bh.G V.26

Rejetant au dehors tout contact externe, maîtrisant les airs montants et descendants à l'intérieur du nez, maître de ses sens, de son mental et de l'intelligence, le Sage tendu vers la délivrance, sa fin ultime; a rejeté le désir, la crainte et la colère. Il est certes à jamais libéré. Bh.G V.27 et 28

Arjuna dit:

Celui qui, après avoir emprunté la voie du yoga avec foi, laisse errer son mental loin du yoga, échouant à atteindre l'accomplissement de ce yoga, quelle est sa destinée, Ô krshna? Bh.G VI.37

Déchu des deux voies, ne va-t-il pas, tel un nuage déchiré, aller à sa perte, incertain sur le chemin du Brahman, égaré, Ô Guerrier aux Grands Bras? Bh.G VI.38

Ce doute est mien, Krshna, je Te prie, dissipe le complètement car nul autre que Toi n'est susceptible de le faire. Bh.G VI.39

Le Bienheureux Seigneur dit:

Fils de Prthâ, ni dans ce monde ni dans l'autre, jamais cet homme ne trouve sa perte. Car il n'est personne, qui, auteur de bonnes actions, va vers une mauvaise destinée. Bh.G VI.40

Accédant au monde des méritants et y demeurant pendant une suite ininterrompue d'année, celui qui a échoué dans le yoga, renaît dans la maison de gens purs et de qualité. Bh.G VI.41

Ou bien il vient à l'existence dans la famille de yogin pleins de sagesse, une telle naissance en ce monde est encore plus difficile à obtenir. Bh.G VI.42

Là, il reprend contact avec ces mêmes qualités intellectuelles qui étaient les siennes dans son corps précédent, puis, repartant de là, Ô fils de Kuru, il déploie à nouveau des efforts pour atteindre la perfection dans le yoga. Bh.G VI.43

Sous l'effet de cette pratique antérieure, il est entraîné fût-ce à son insu vers la pratique. Désireux de connaître le yoga, il passe au de-là du Brahman-parole. Bh.G VI.44

Or, le yogi qui pratique de toute son énergie, purifié de toute souillure, arrivé à la perfection au terme de nombreuses naissances, il accède enfin à la destinée suprême. Bh.G VI.45

Le yogi l'emporte sur ceux qui s'adonnent aux austérités, il est même tenu pour supérieur à ceux qui s'en tiennent à la sagesse spéculative; il surpasse les héros de l'action. Donc Ô Arjuna, deviens yogi! Bh.G VI.46

Mieux encore, celui qui entre tous les yogin, demeure en Moi et du plus profond de son âme m'adore plein de foi, celui-là, je le considère comme ayant atteint le sommet de l'union yogique. Bh.G VI.47

Parmi des milliers d'hommes, un seul s'efforce vers la perfection et parmi ceux parvenus à la perfection, un seul me connaît vraiment. Bh.G VII.3

Après de nombreuses naissances, celui qui me connaît et qui dans la conviction que Vâsudeva est tout, il est rare cette grande âme. Bh.G VII.19

Ceux qui s'appuyant sur moi travaillent à se libérer de la vieillesse et de la mort, ceux-là connaissent le Brahman, le Soi, la totalité de l'agir. Bh.G VII.29

Ceux qui me reconnaissent dans le domaine manifesté des êtres, dans ceux des dieux et du sacrifice; au moment de la mort aussi, ayant le mental unifié, ils me connaissent. Bh.G VII.30

Celui qui, se souvenant de moi à son heure dernière, quittant son corps mortel et s'en va, il atteint mon être, il n'y a aucun doute à ce sujet. Bh.G VIII.5

Et aussi, l'être dont on se souvient quand à la fin on quitte le corps, toujours, Ô fils de Kuntî, c'est à lui qu'on va, transformé en cet être là. Bh.G VIII.6

Donc, souviens-toi de moi en tous temps, et combats; le mental et l'intelligence fixés en Moi. C'est à Moi que tu parviendras et ce sans nul doute. Bh.G VIII.7

Ô Fils de Prthâ, on accède à la Divine Personne Suprême en y pensant continuellement d'un esprit unifié par la discipline d'une pratique assidue et qui ne se laisse pas distraire par d'autres objets. Bh.G VIII.8

Celui qui se souvient du plus ancien Maître, plus petit que l'atome soutient de tout, inconcevable, qui a la couleur du soleil et se tient au-dela des ténèbres. Bh.G. VIII.9

Au moment de la mort, le mental inébranlable, plein de dévotion et uni par la force du yoga; il amène, comme il faut le prâna entre les deux sourcils; il va à la Personne Suprême et Divine. Bh.G. VIII.10

Cet Impérissable, que ceux qui connaissent les Védas, énoncent, en qui le sage libéré du désir et qui pratique la voie de brahmacarya pénètre, je vais en bref t'expliquer. Bh.G. VIII.11

Le yoga consiste a fermer toutes les portes du corps. C'est en fixant le mental sur le coeur et aussi le prâna sur le haut de la tête qu'on obtient l'état de yoga. Bh.G. VIII.12

Etablit dans le yoga, prononçant l'unique syllabe impérissable Om, ne pensant qu'à moi, s'en va abandonnant son corps, celui-là atteint la destination suprême. Bh.G. VIII.13

Celui qui, l'esprit libre de toute distraction, se souvient toujours de moi, pour ce yogi toujours unifié, je suis aisément accessible, fils de Prthâ. Bh.G. VIII.14

Quand on s'est approché de moi, on ne risque plus la renaissance impermanente, lieux de douleurs; ces nobles âmes sont parvenues à la perfection suprême. Bh.G. VIII.15

Les mondes, Ô Arjuna, jusqu'au domaine de Brahmâ inclusivement, sont assujettis aux retours, mais arrivant à Moi, fils de Kuntî, il n'y a pas de renaissance. Bh.G. VIII.16

Ils savent la durée complète d'un jour de Brahmâ qui est de mille éons, et de mille éons sa nuit, les gens connaissent ce qu'est un cycle cosmique. Bh.G. VIII.17

Quand vient le jour, tous les êtres distincts procèdent de l'indistinct; quand vient la nuit, c'est là aussi qu'ils se résolvent, dans ce qu'on nomme l'indistinct. Bh.G. VIII.18

Cette multitude d'êtres, lorsqu'elle est venue encore et encore à l'existence, se résorbe automatiquement quand vient la nuit, Ô fils de Prthâ; elle surgit à nouveau quand revient le jour. Bh.G. VIII.19

Mais au-delà de ce non-manifesté, il existe un autre non-manifesté, éternel qui ne périt pas même lorsque tous les êtres périssent. Bh.G. VIII.20

On le dit l'Impérissable, le Non-Manifesté; c'est Lui qu'on proclame être le But Suprême. Quand on l'a obtenu on ne renaît plus. Ce monde est Mon suprême séjour. Bh.G. VIII.21

C'est le Purusa, la Personne Suprême, fils de Prthâ, qu'on obtient par la dévotion et par nul autre moyen, il pénètre en tout et sous-tend tout l'univers. Bh.G. VIII.22

Quant au temps où les yogin décédés accèdent au non-retour ou au retour, ce temps, je vais te le dire, Taureau des Bhârata. Bh.G. VIII.23

Le feu, la lumière, la quinzaine où la lune croît, les six mois où le soleil va vers le nord; s'il meurt arrivé là, celui qui connaît le Brahman va au Brahman. Bh.G. VIII.24

La fumée, la nuit, ainsi que la quinzaine où la lune décline, les six mois où le soleil va vers le sud, dans ce cas; ayant atteint la lumière de la lune, le yogi de là revient en ce monde. Bh.G. VIII.25

Les deux voies, claire et sombre, sont des caractéristiques du monde des vivants; par l'une on accède au non-retour, par l'autre on revient encore. Bh.G. VIII.26

Ô fils de Prthâ, nul yogi connaissant ces voies ne s'égare; donc tu dois en tout temps être unifié par le yoga, Ô Arjuna. Bh.G. VIII.27

C'est une science royale, un royal secret, la purification suprême; on peut l'éprouver et la comprendre directement, elle est le principe de la spiritualité, aisée à accomplir et immuable. Bh.G. IX.2

Les hommes qui n'ont pas la foi en ce dharma sacré, Ô Tourment de tes ennemis, incapables de me rejoindre, retournent dans le samsâra, le chemin des transmigrations mortelles. Bh.G. IX.3

Tout le monde vivant est pénétré par moi dans mon état non manifesté; tous les êtres se tiennent en moi et moi je ne suis pas situé en eux. Bh.G. IX.4

Jamais, les êtres ne se tiennent en moi. Vois la puissance surnaturelle de mon yoga: porteur des êtres mais aussi inclus en eux, mon Soi est la source de leur existence. Bh.G. IX.5

Comme un grand vent qui souffle partout dans l'espace éthéré, considère de même que tous les êtres se tiennent en moi. Bh.G. IX.6

A la fin d'un âge, Ô fils de Kuntî, tous les êtres vont en ma nature , prakriti ; puis au début de l'âge suivant, je les émets à nouveau. Bh.G. IX.7

Maîtrisant prakrti, ma propre nature créatrice, j'émets encore et encore tout cet ensemble d'êtres, malgré eux et par le pouvoir de prakriti, ma nature créatrice. Bh.G. IX.8

Ceux qui connaissent les trois Védas et boivent le soma, purifiés de leurs fautes, m'adorant par des sacrifices, tentent d'arriver au ciel. Ayant atteint le séjour saint d'Indra, le chef des dieux, ils y goûtent les divines jouissances des dieux. Bh.G. IX.20

Après avoir joui du monde céleste, leurs mérites une fois épuisés, ils rentrent dans le monde des mortels. Ainsi donc ceux qui ont suivi la loi enseignée par les trois Védas, toujours liés aux plaisirs des sens, ne gagnent que d'aller et venir. Bh.G. IX.21

A ceux qui, pensant à moi et à nul autre, me servent, m'honorent et qui me sont perpétuellement dévoués, je leur apporte toujours ce qui leur manque. Bh.G. IX.22

Quant aux fidèles d'autres divinités, qui pleins de foi, leur rendent leur culte sacrificiel, c'est à moi, Ô fils de Kuntî, qu'il rendent ce culte sacrificiel bien que ce ne soit pas de la bonne façon. Bh.G. IX.23

Car je suis le bénéficiaire de tous les sacrifices et leur Souverain Seigneur; mais ils ne connaissent pas ma propre réalité et de ce fait, retombent dans l'existence. Bh.G. IX.24

Ceux qui célèbrent le culte des divinités vont aux divinités; ceux qui célèbrent le culte des ancêtres vont aux ancêtres; ceux qui offrent des sacrifices aux êtres créés vont aux êtres créés; ceux qui m'honorent par leurs sacrifices viennent à moi. Bh.G. IX.25

Celui qui m'offre avec dévotion une feuille, une fleur, un fruit ou de l'eau; l'offrande dévotieuse de celui-ci dont l'âme est pure, je l'accepte. Bh.G. IX.26

Ce que tu fais, manges, offre en libation, donnes, les austérités que tu pratiques, fils de Kuntî, fais le en me l'offrant. Bh.G. IX.27

Ainsi, tu seras libéré des liens de l'acte, que ses fruits en soient bons ou mauvais; l'âme unifiée par le yoga du renoncement, affranchi, tu viendras à moi. Bh.G. IX.28

Rapidement, il s'établit dans son dharma, il obtient la paix éternelle. Sache bien, fils de Kuntî, que mon adorateur ne périt pas. Bh.G. IX.31

Ceux qui ont pris leur refuge en moi, fils de Prthâ, quand même ils seraient de basse naissance, seraient femmes, un vaisya ou aussi un sudra; même eux, vont au but suprême. Bh.G. IX.32

A plus forte raison les brâhmanes justes, les bhaktas ainsi que les sages royaux qui m'adorent, venus dans ce monde impermanent et de souffrances. Bh.G. IX.33

Pensant toujours à moi, devient mon dévot, offre moi tes sacrifices et rend moi hommage. Ayant ainsi complètement unifié ton âme, tu viendras à moi. Bh.G. IX.34

Ceux qui abandonnant en moi tous leurs actes, qui n'ont d'autre joie que moi, pratiquant le yoga et en méditant sur moi, qui fixent en moi leur mental; pour eux, je suis Celui qui les retire promptement du samsâra, cet océan de la transmigration et de la mort. Bh.G. XII.6-7

Ainsi, celui qui comprend la prakriti, la Nature Naturante et l'interaction des trois qualités ou gunas, il ne renaîtra plus. Bh.G. XIII.24

Certains voient le Soi par le Soi au moyen de la méditation, d'autres par les raisonnements du Sâmkhya et d'autres par le karma yoga. Bh.G. XIII.25

Mais certains, incapables d'une telle pensée autonome, après avoir écouté l'enseignement des autres, offrent le service du culte. Eux aussi, prêts à écouter la révélation, triomphent de la mort. Bh.G. XIII.26

Ceux qui, à la lumière de la connaissance, voient la différence entre le champs et le connaisseur du champs et aussi qui connaissent celle entre l'Etre et la libération de la prakriti, la Nature Naturante, ceux-là atteignent le Suprême. Bh.G. XIII.35

Le Bienheureux Seigneur dit:

Je t'enseignerai encore la suprême connaissance qui dépasse les connaissances. La connaissant, tous les Sages de ce monde ont atteints les perfections suprêmes. Bh.G. XIV.1

Qui prend appui sur cette connaissance, atteint l'identité de ma nature, alors il ne renaît pas au moment de la grande création cosmique et il n'est pas affecté par la dissolution cosmique. Bh.G. XIV.2

Le Grand Brahman est pour moi la matrice. C'est en lui que je dépose l'embryon, tous les êtres tirent leur origine en lui, Ô Bhâratide. Bh.G. XIV.3

Les êtres qui ont une forme, Ô fils de Kuntî, en quelque matrice qu'ils se produisent, Brahman est leur grande matrice et moi le père donneur de semence. Bh.G. XIV.4

Sattva, rajas, tamas, sont les gunas, les qualités issues de prakriti, la Nature Naturante. Ce sont elles qui lient dans le corps l'Immuable Incorporé. Bh.G. XIV.5

Parmi elles, Sattva. Son caractère est immaculé, lumineux et exempt de mal. C'est par l'attachement au plaisir et à la connaissance qu'elle enchaîne, Ô Héros sans tache! Bh.G. XIV.6

Sache que Rajas est de l'essence de la passion, qu'elle est la source du désir et de l'attachement. Elle enchaîne l'Immuable Incorporé par l'attachement à l'action, Ô Fils de Kuntî. Bh.G. XIV.7

Quant à tamas, sache qu'elle naît de l'ignorance et qu'elle égare tous les êtres incarnés. Elle enchaîne, Ô Bhâratide, par l'erreur, la paresse et la torpeur. Bh.G. XIV.8

Sattva attache au plaisir, rajas à l'acte, Ô Bhâratide! Quant à tamas, en vérité, obscurcissant la connaissance, elle attache à l'erreur. Bh.G. XIV.9

Dominant rajas et tamas, sattva prévaut; mais aussi quand rajas domine sattva et tamas, il prévaut et pareillement, Ô Bhâratide, tamas prévaut quand il domine sattva et rajas. Bh.G. XIV.10

Lorsque dans toutes les portes du corps, la lumière-connaissance se produit, à ce moment on doit savoir que sattva à crû. Bh.G. XIV.11

La convoitise, l'agitation, les actions entreprises, le non-repos dans l'action, le désir passionné, tout cela se produit quand rajas a crû, Ô Taureau des Bhârata! Bh.G. XIV.12

L'absence de toute lumière, l'inactivité, l'erreur, l'illusion se produisent quand tamas a crû, Ô toi qui réjouis les Kuru! Bh.G. XIV.13

Quand le porteur d'un corps meurt en état de sattva, il arrive alors dans les mondes planétaires sans souillure des sages qui connaissent le Suprême. Bh.G. XIV.14

Quand le porteur d'un corps meurt en état de rajas, il renaît parmi ceux qui s'adonnent à l'action intéressée. De même s'il meurt en état de tamas, il renaît parmi les matrices des insensés. Bh.G. XIV.15

On dit que fruit de l'acte accompli dans sattva est purification, que le fruit de rajas est douleur et le fruit de tamas est l'ignorance. Bh.G. XIV.16

De sattva naît la connaissance, de rajas la convoitise, mais aussi que la sottise et l'illusion naissent toutes deux de tamas, ainsi que l'ignorance. Bh.G. XIV.17

Ceux qui résident en sattva vont vers le haut, les rajasiques se tiennent au milieu, les tamasiques qui demeurent dans le mode d'existence de la qualité inférieure vont vers le bas. Bh.G. XIV.18

Quand le voyant découvre qu'il n'y a pas d'autre acteur que les gunas et qu'il connaît celui qui surpasse les gunas, il accède alors à mon être. Bh.G. XIV.19

Ayant dépassé les trois gunas qui produisent le corps, l'incorporé est délivré de la naissance, de la mort, de la vieillesse et de la douleur. Il accède à l'immortel. Bh.G. XIV.20

Arjuna dit:

Quels sont les signes caractéristiques de l'homme qui a dépassé les trois gunas? Ô Seigneur. Comment se conduit-il? Et comment dépasse-t-il ces trois qualités? Bh.G. XIV.21

Le Bienheureux Seigneur dit:

Ô fils de Pându, ni la lumière, ni l'activité, ni même l'égarement ne sont pour lui objets d'aversion quand ils sont en exercice, ni l'objets d'attirance quand ils ne s'exercent pas. Bh.G. XIV.22

Celui qui, assis comme indifférent, n'est pas ébranlé par les gunas, les qualités; et qui se disant :" ce sont les gunas, les qualités en fonction", demeure ferme. Celui qui reste en lui-même égal dans le plaisir et la douleur et qui tient pour égaux la motte de terre, la pierre ou l'or; qui regarde comme équivalents l'agréable et le désagréable, ce sage pour qui sont pareils le blâme et les éloges, celui qu'honneur et déshonneur laissent indifférent, qui traite également ami et ennemi et qui renonce à toute entreprise, il est dit de lui qu'il a dépassé les gunas, les qualités. Bh.G. XIV.23-24-25

Et celui qui, sans défaillance, me sert par la pratique du bhakti-yoga, il dépasse les gunas, les qualités et il est apte à s'absorber en Brahman. Bh.G. XIV.26

Je suis le fondement du Brahman, de l'Immortel, de l'Immuable, du Dharma ou ordre éternel, du Bonheur Absolu. Bh.G. XIV.27

Adonnés à l'égoïsme, à la force, à l'orgueil, à la concupiscence et à la colère, me haïssant en leur propre corps et en celui des autres êtres, envieux, ces gens haineux, les derniers des hommes, êtres impurs ( la description détaillée de ces gens est faite de XV.7 à 15.17 - ndlr), Je les plonge dans les matrices de l'océan de l'existence matérielle, le sâmsara, dans des matrices innombrables et asuriques, démoniaques. Bh.G. XVI.18-19

Accédant de naissance en naissance à une matrice démoniaque, âsurique; ces égarés, Ô fils de Kuntî, sans jamais réussir à m'atteindre vont ensuite à une voie inférieure. Bh.G. XVI.20