Platon

Platon et la réminiscense

427 av- JC/ 348 av- JC

...C'est que l'âme de l'homme est immortelle, et que tantôt elle aboutit à un terme (c'est précisément ce qu'on appelle mourir), et tantôt recommence à naître, mais que jamais elle n'est anéantie. Voilà pourquoi il faut donc, dans tout le cours de sa vie, vivre le plus saintement possible:

Ceux de qui Perséphone aura reçu le prix dont se paie une antique souillure, les âmes de ceux-là, elle les faits à nouveau , la neuvième année venue, monter vers le soleil d'en haut.

Ces âmes là sont celles qui donnent naissance à de brillants monarques, à des hommes dont la force est impétueuse ou qui sont très grands par le savoir : hommes qui, pour le reste du temps, sont par l'humanité invoqués comme des héros sans tache.

Ainsi, en tant que l'âme est immortelle et qu'elle a eu plusieurs naissances, en tant qu'elle a vu toutes choses, aussi bien celles d'ici-bas que celles de chez Hadès, il n'est pas possible qu'il n'y ait quelque réalité qu'elle n'ait point apprise. Par conséquent, ce n'est pas du tout merveille que, concernant la vertu comme le reste, elle soit capable de se ressouvenir de ce dont même elle avait certes, auparavant la connaissance.

De fait, en tant que la nature, tout entière, est d'une même famille, en tant que tout sans exception a été appris par l'âme, rien n'empêche que, nous ressouvenant d'une seule chose, ce que précisément nous appelons apprendre, nous retrouvions tout le reste, à conditions d'être vaillants et de ne pas nous décourager dans la recherche: c'est que, en fin de compte, chercher et apprendre sont, en leur entier, une remémoration.

Menon 81

...Or en vérité, ce temps n'est-il pas celui où il n'était pas un être humain?

...Donc, s'il doit y avoir en lui des pensées vraies, aussi bien dans le temps où il sera un être humain que dans celui où il ne l'aura pas été, pensées qui, une fois réveillées par l'interrogation, deviennent des connaissances, son âme ne doit-elle donc pas avoir appris dans le temps de toujours? Car la chose est claire, c'est dans la totalité du temps qu'on est ou qu'on est pas un être humain.

...Donc, si toujours la vérité de l'être existe dans notre âme, cette âme ne doit-elle pas être immortelle?...

Ménon 85-86

...mais ce qui se rapporte à l'âme est pour les hommes un très gros sujet d'inquiétude; qui sait, se disent-ils, si, quand elle sera séparée du corps, elle ne sera plus nulle part, mais sera détruite, anéantie le jour même où mourra l'homme? qui sait si, aussitôt séparée du corps et sortie de celui-ci, elle ne se dissipe pas à la façon d'un souffle ou d'une fumée et si, lorsqu'elle a de la sorte pris son vol, elle n'est plus rien nulle part?

Phédon 69,70 a)

... S'il en est ainsi et qu'il y ait, à partir des morts, renaissance des vivants, que s'ensuit-il, sinon que nos âmes doivent exister là-bas? (l'Hadès) N'existant pas, elles ne pourraient en effet, je suppose, renaître; et que là-bas soit le lieu de leur existence, on en aurait un indice suffisant s'il devenait réellement manifeste que les vivants ne viennent de nulle part ailleurs à l'existence, sinon à partir de ceux qui sont morts.

Phédon 70,71 d)

...l'instruction n'étant pour nous rien d'autre précisément que remémoration, il est forcé, je pense, que nous ayons appris dans un temps antérieur les choses dont maintenant nous nous ressouvenons. Or, c'est ce qui est impossible, à moins que notre âme ne soit quelque part, avant de naître dans l'humaine forme que voici. Par conséquent, de cette façon encore, l'âme a bien l'air d'être chose immortelle.

Phédon 73 a)

Et même, elles ne cessent d'errer, jusqu'au jour où, de nouveau, sous la pression du compagnon qui leur est attaché, à savoir l'élément corporel, elles viennent s'enchaîner dans un corps.

Or ainsi qu'il est vraisemblable, elles viennent s'enchaîner dans des moeurs dont les caractères sont analogues à celles qu'ils ont précisément pratiquées leur vie durant.

Phédon 81 e)